Dans cette section illustrée, nous dressons le portrait de plats rares, inédits ou iconiques proposés par nos restaurants fétiches. Toutes ces pièces fortes de la création culinaire contemporaine sont crayonnées de près par la talentueuse Eliane Cheung (@mingou_mango sur Instagram) qui tient notre carnet d’exquises esquisses. Ce plat est un tableau : celui d’un homard en gloire qui se détache sur un fond lumineux, comme ces panneaux mordorés de l’art byzantin. Chez Mokonuts, Moko Hirayama et Omar Koreitem élèvent le coffee-shop au rang d’établissement gastronomique. Dans le doux décor de leur cantinette, ils illuminent le quartier Saint-Antoine d’une cuisine de réconfort qui regarde vers toutes les rives de la Méditerranée.

Avec cette entrée, c’est l’été qui descend dans l’assiette creuse. S’y joue la rencontre du homard breton, roi-soleil des crustacés, et du gaspacho andalou, cette soupe froide et potagère du sud : tomate, concombre, oignon, poivron et ail enluminés d’huile d’olive. Ce divin potage lissé est ici rehaussé de vert pourpier, de fleurs de bourrache bleutées et de sumac à l’acidité délicate. Puis le tout est relevé d’une vinaigrette iodée et puissante aux tomates datterini et corail de homard, comme une haie d’honneur faite au produit phare de l’assiette : la queue de homard, juste pochée et à peine saisie ! Une alliance de la fermeté de la chair du crustacé et de la texture nappante du gaspacho qui confère à cette entrée fraîche et solaire la gourmandise des grands plats en sauce, la pesanteur en moins. Un plat long en bouche comme un solstice d’été.

Aïtor Alfonso

Mokonuts 

Ouvert le lundi au vendredi ; au déjeuner

5, rue Saint-Bernard

75011 Paris

+33 (0)9 80 81 82 72

https://www.mokonuts.com/

Crédit Illustration : Eliane Cheung